Manque d’égards, erreurs de médications, disputes entre les services, transmission tardive vers les soins palliatifs ou encore acharnement thérapeutique : les patient-es, de même que leurs proches, sont souvent plus à même d’identifier les manquements dont ils/elles ont été victimes que les institutions hospitalières. S’il peut être tentant de penser que celles et ceux qui se plaignent visent une réparation financière ou souffrent d’un problème psychiatrique, la plupart des personnes qui témoignent le font dans l’idée que leur vécu puisse améliorer la prise en charge et pour que ces erreurs ne surviennent plus. Trop longtemps considérées comme un sujet de honte par les soignant-es, trop souvent balayée sous le tapis plutôt qu’analysée, ces expériences ont au contraire montré leur utilité pour faire évoluer les pratiques.

Dans le cadre de sa conférence, Béatrice Schaad décrira comment ces doléances, si elles sont systématiquement collectées et analysées, constituent une source précieuse d’enseignement pour les établissements de santé. En mettant en lumière les besoins, les attentes et les difficultés rencontrés par les malades comme par les professionnel-les, ces récits permettent de progresser vers une médecine plus inclusive. L’Espace de médiation du CHUV, ouvert à l’origine pour recevoir les patient-es et leurs proches, voit arriver de plus en plus fréquemment en ses murs des soignant-es en souffrance vis-à-vis de leurs patient-es. L’hôpital, décrit comme « machine à guérir » par le philosophe français Michel Foucault, serait-il en passe de devenir une machine à fabriquer du conflit entre celles et ceux dont la coopération face à la maladie est pourtant indispensable ?